Quelques unes de mes sources d'inspiration, dans ce monde si cruel.
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LUC FERRY
L'Homme-Dieu ou Le Sens de la Vie
CHAPITRE 1
CHAPITRE 1
l'humanisation
du divin : De
Jean-Paul II à
Drewermann
L'Église
fait de la résistance, non sans motif d'ailleurs : si la tendance
est à l'humanisation des
sources du droit, de la morale et de la culture, si cette
humanisation implique une remise en question des transcendances
verticale de jadis¹,
comment maintenir encore la crédibilité d'une théologie morale ?
Comment
concilier Révélation et Conscience ou, pour reprendre les termes de
Jean-Paul II, « splendeur de la vérité » et « liberté
individuelle » ?
Le
christianisme n'est-il pas voué à devenir une simple foi, un
sentiment de piété s'élevant sur le socle de morales laïques qui
viendraient maintenant lui donner l'essentiel de son contenu concret
?
Le
désenchantement du monde ne s'arrête pas à
la simple séparation de la religion et de la politique. Il ne se
limite pas à la fin du théologico-éthique, indispensable à
l'avènement d'un espace public laïque mais il produit, en
profondeur, des effets sur les croyances individuelles et les
opinions privées.
Nombre
d'enquêtes le confirment : la plupart des catholiques sont devenus,
au sens voltairien du terme, « déistes ». Ils
conservent, certes, le sentiment d'une transcendance, mais sans cesse
davantage ils abandonnent les dogmes traditionnels au profit d'une
conversion à l'idéologie des droits de l'homme.
On
se dit encore catholique, mais on soumet les commandements du Pape au
crible humanisme de l'examen critique et l'on ne croit plus guère en
l'immortalité réelle de l'âme, en la virginité factuelle de
Marie, ou même en l'existence du Diable...
- Comme le suggère, au fil d'une analyse serrée, le cardinal Lustiger, Cf., notamment, Devenez dignes de la condition humaine, Flammarion, 1995, p.20: Dans les débats éthiques qui sollicitent l'opinion, la conscience est en quelque sorte mise sous la tutelle des comités d'éthique ou des cours arbitrales professionnelles. Comme les dispositions législatives ou règlementaires, ces décisions tiennent lieu de norme morale. Mais la loi n'oblige et n'autorise en conscience que si elle est conforme à la raison morale. »
Page
63
Les
métamorphoses du Diable
Or
tout se passe comme si la guerre fournissait l'occasion de glisser
insensiblement , en toute impunité, du mauvais au méchant, comme si
le mal n'était plus un moyen mais une fin, non plus une réalité
tragique mais un passe-temps, pour ne pas dire un exaltant projet...
Ce
n'est donc pas tout à
fait pas hasard ou par superstition que la théologie parlait de
« méchanceté ». Kant lui-même, qui partageait sans
toujours l'avouer les idées de Socrate, pensait qu'elle était le
fait du Démon.
L'un
de ses disciples, Benjamin Ehrard, alla jusqu'à
imaginer, dans un étrange opuscule intitulé L'apologie
du Diable, quels devraient
être les principes d'action d'un être qui choisirait de
n'accomplir, sans faille ni hésitation d'aucune sorte, que des
actions mauvaises.
Ces
principes ne pouvaient bien sûr
qu'être ceux de l'Antéchrist...
Aujourd'hui
encore, tout à
sa lutte contre les catholiques « modernistes » soucieux
d'accommoder le christianisme au goût du jour, l'Église maintient
le dogme avec fermeté : le Diable possède une existence réelle.
N'en
déplaise à Drewermann et aux
théologiens gagnés par la psychanalyse, l'Adversaire n'est pas un
symbole à interpréter, une entité psychique produite par notre
inconscient, mais bel et bien le Prince des démons, sinon en chair
et en os, puisqu'il s'agit d'un esprit, du moins suffisamment
puissant pour s'incarner dans le corps d'un homme et engendrer le
phénomène bien tangible de la « possession ».
La
pratique de l'exorcisme, pour archaïque qu'elle puisse paraître,
n'a donc rien de superflu¹.
C'est là du moins ce que rappelle un document de la Sacrée
Congrégation publié en 1975 sous le titre « Foi chrétienne
et démonologie ».
C'est
là, surtout ce que Paul VI lui-même soulignait dans un discours en
date du 15 novembre 1972 : Quiconque n'admet pas l'existence du
démon ou la considère comme un phénomène indépendant n'ayant pas
contrairement à toute créature, Dieu pour origine, ou bien encore
la définit comme une pseudo-réalité, comme une personnification
conceptuelle et fantastique des origines inconnues de nos maladies,
transgresse l'enseignement biblique et ecclésiastique ... »
- C'est là ce dont témoigne le renouveau des ouvrages qui lui sont consacrés avec la bénédiction officielle des plus hautes autorités cléricales.
Citons,
entre autres, ceux du Père Dom Armoth, l'exorciste du diocèse de
Rome (Un
exorciste raconte,
éditions F.X, de Guilbet, 1993), de Georges Morand, l'aumônier
d'un grand hôpital parisien (Sors
de cet homme, Satan,
Fayard, 1993) ou encore celui du Père Louis Costel, pourfendeur du
Malin dans le diocèse de Coutances (aux éditions Ouest-France,
1993, en collaboration avec Daniel Yonnet).
Page
92 à 94
« Si
notre foi est faible le diable vaincra. » Pape François le
30/10/2014
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@PapeEnFrance
Le
sacré à
visage humain
Le
réenchantement de la politique :
enraciner
Dikté
dans Philia
Retrouver
du sens : la formule résonnera peut-être comme un slogan dangereux
ou vide. Combien de fois n'avons-nous pas entendu nos politiques et,
avec eux, quelques intellectuels, évoquer la nécessité, que dis-je
l'urgence, de « retrouver un grand projet », « réinventer
la politique », « refonder de vrais clivages »,
« rouvrir le futur », etc.
Et
combien de fois avons-nous eu l'envie de rétorquer, tout simplement
: faites donc, ne vous gênez pas !
Suivaient
alors de sempiternelles et creuses incantations à
édifier une « société-plus-solidaire-plus-juste-et-
plus-humaine » qui luttera contre « l'exclusion »,
assurera la promotion des droits de l'homme et la protection de la
nature dans le contexte « global et planétaire » d'une
solidarité entre les peuples, etc.
soyons
sincères : il n'est plus un homme politique, plus un intellectuel
qui puisse tenir aujourd'hui semblable discours sans favoriser
puissamment la tendance naturelle de nos concitoyens au zapping...
Les mots, si nobles soient-ils, se sont usés.
La
politique technicienne, sous son double visage – le culte de la
performance, relayé dans la presse par ses absurdes « en
hausse/en baisse », et celui, technocratique, des contraintes
imperceptibles aux ignorants -, n'a pas seulement conduit à
occulter le social, ni même à liquider les thèmes les plus
classiques de la gauche, mais bien à discréditer jusqu'à l'idée
d'idées en politique.
Page 223
Jadis
prise en charge par la philosophie et les grandes religions,
l'antique question du sens de la vie semble avoir déserté
la sphère
publique.
Laïcité oblige, elle est devenue affaire privée, réservée au domaine de l'intime.
C'est donc seul que l'individu moderne doit faire face aux expériences cruciales de l'existence : celles du deuil, du mal radical, de l'amour.
L'hypothèse principale de ce livre est qu'au-delà des apparences, la question du sens se recompose lentement sur la base d'un double processus.
D'une part l'humanisation du divin qui caractérise depuis le XVIIIe siècle la montée de la laïcité en Europe.
Au nom de la liberté de conscience, du rejet des dogmatismes, le contenu de la Révélation chrétienne n'a cessé d'être « humanisé », traduit dans le langage du siècle. C'est contre cette « dérive »: que l'Église rappelle ses fidèles à l'ordre. Mais en parallèle, c'est aussi à une diminution de l'humain que nous assistons, liée à un événement majeur : la naissance de la famille et de l'amour modernes qui fondent le lien social le plus précieux, non sur la tradition, mais sur le sentiment et l'affinité élective. Aux transcendances « verticales » de jadis, Dieu, la Patrie, la Révolution, s'oppose de plus en plus celle , « horizontale », des simples humains.
Laïcité oblige, elle est devenue affaire privée, réservée au domaine de l'intime.
C'est donc seul que l'individu moderne doit faire face aux expériences cruciales de l'existence : celles du deuil, du mal radical, de l'amour.
L'hypothèse principale de ce livre est qu'au-delà des apparences, la question du sens se recompose lentement sur la base d'un double processus.
D'une part l'humanisation du divin qui caractérise depuis le XVIIIe siècle la montée de la laïcité en Europe.
Au nom de la liberté de conscience, du rejet des dogmatismes, le contenu de la Révélation chrétienne n'a cessé d'être « humanisé », traduit dans le langage du siècle. C'est contre cette « dérive »: que l'Église rappelle ses fidèles à l'ordre. Mais en parallèle, c'est aussi à une diminution de l'humain que nous assistons, liée à un événement majeur : la naissance de la famille et de l'amour modernes qui fondent le lien social le plus précieux, non sur la tradition, mais sur le sentiment et l'affinité élective. Aux transcendances « verticales » de jadis, Dieu, la Patrie, la Révolution, s'oppose de plus en plus celle , « horizontale », des simples humains.
Avènement
de l'Homme-Dieu ?
Les
controverses les plus contemporaines en portent témoignage : de la
bio-éthique à l'humanitaire, c'est l'homme comme tel qui fait
figure de sacré.
Par-delà
le bien et le mal, c'est toute la question de la possibilité d'une
sagesse ou d'une spiritualité laïques qui se trouve posée.
Dernière
page
*Livre à ma disposition dans la bibliothèque de l'hôpital de Marne la Vallée durant mon séjour en juillet 2014
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Christus
Accompagner l'homme en quête de Dieu
Page
462
DESIRS d'EUROPE
Longtemps,
très longtemps, le besoin d'Europe a travaillé les esprits et les
cœurs de nos prédécesseurs: nostalgie de l'Empire romain, langues
et cultures mêlées; universités attractives éparses sur tout le
continent; pèlerinages en divers lieux; cathédrales s'élevant
hardiment vers l'azur; foires aux multiples coloris et villes
cosmopolites; banques en réseau; utopies et rêves d'une unité
improbable mais nécessaire. L'ère des nationalismes et le culte des
frontières ont par la suite brisé ces élans. Pourtant, de grands
désirs d'Europe n'ont jamais quitté notre continent et leurs
braises ont continué de bruler sous les cendres accumulées par la
violence de nos inimitiés sans cesse renaissantes.
Dans
le cas français, des le XVIIIe siècle les parrainages de cette
ouverture vers un universel plus sage que celui offert par le pays
d'appartenance viennent à
la fois des philosophes et des penseurs religieux. « Si je
savais, écrit Montesquieu, une chose utile à
ma nation qui fut ruineuse à
une autre, je ne la proposerais pas à
mon Prince, parce que je suis homme avant d'être français, parce
que je suis nécessairement homme et ne suis français que par
hasard. » Comme en écho, Fénelon ne craint pas d'affirmer en
pleine période de monarchie absolue: « Si le citoyen doit
beaucoup à sa patrie dont il
est membre, chaque nation doit bien davantage au repos et au salut de
la République universelle dont elle est membre et dans laquelle sont
renfermées toutes les patries des particuliers ».
L'EUROPE ACTUELLE au MILIEU du GUE
Malgré
ces nombreuses prémices et un construction européenne qui s'est, au
lendemain de la deuxième guerre mondiale, concrétisée aux niveaux
économique, sociale et politique, nul ne sait encore vraiment en
2011, si l'Europe parviendra à
reprendre souffle. Elle traverse en effet, depuis quelques années,
une crise d'une particulière gravité.
Certes,
la guerre entre les peuples du continent a
été mise hors la loi. Après s'être déchirés, les peuples des
Balkans entrent peu à
peu, eux aussi, dans l'ère de la paix. L'Europe attire toujours;
elle est comme un filtre immense qui oblige, pour un être membre, à
ranger les armes au vestiaire. Combien de peuples de la terre
aimeraient connaître un tel destin !
Mais
une guerre économique planétaire a pris le relais de la guerre
militaire en ces temps de mondialisation. L'Euro que l'on croyait
solide subit les assauts des forces du marché.
La crise qui a contaminé notre continent est mondiale et se rit des
frontières entre les nations. Si les États nationaux sont trop
petits pour régler des problèmes dont la dimension est
transnationale, l'Europe est à
la bonne dimension pour apporter une relative sécurité dans le
désordre planétaire. Les Européens qui fustigent l'Europe
devraient ouvrir les yeux pour regarder les nombreux peuples
d'Afrique et d'Asie jetés dans la concurrence mondiale sans nos
filets de protection sociale et avec une faible capacité à
influer sur le cours des choses.
La
CRISE de la SOLIDARITE
Mais
la crise qui nous frappe a aussi révélé des maux dont il nous faut
guérir. L'économie ultralibérale et les réseaux bancaires ont
failli nous entrainer dans un effondrement général. Il convient
donc de renforcer les contrôles sur les déviations possibles.
L'intégration économique. L'Europe sortira de ses ornières
présentes si elle se dote d'une éthique partagée et efficiente et
si elle facilite en même temps la montée en puissance
d'associations citoyennes capables de se hisser au niveau des défis
planétaires de notre époque . Sanas renoncer à emprunter des
chemins divers.
Il
nous faut retrouver le sens de la solidarité. En 1945, après avoir
touché le fond de l'abîme, l'Europe a su jeter les bases
fondatrices de la maison européenne. Un socle de valeurs communes
issues de courants chrétiens
et laïcs en a été le ciment. La solidarité y a joué un rôle
clé. Et c'est ce même esprit de solidarité en phase avec les
besoins du moment que l'on invoque aujourd'hui. Maintenant encore
comme en 1945, les chrétiens doivent savoir analyser les enjeux et,
avec d'autres, faire preuve de discernement. L'Europe peut se défaire
ou se faire enfin, en traversant cette épreuve majeure. L'idéogramme
chinois pour signifier ce qu'est une crise dit bien qu'elle est à
la fois source de danger et temps opportunité.
Christus
Accompagner
l'homme en quête de Dieu
L'estime
de soi
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Arnaud MONTEBOURG
Rapporteur
François COLCOMBET
Président
Président
LES TRIBUNAUX DE COMMERCCE :
UNE JUSTICE EN FAILLITE ?
Litiges, faillites, dépôts de bilan, liquidations : autant de décisions dont dépendent des milliers d'actionnaires, créanciers, fournisseurs, salariés, et dont sont chargés les tribunaux de commerce. Or la France est le seul pays développé où cette juridiction est confiée depuis plus de quatre siècles à des commerçants, élus par leurs pairs, Ce serait une bonne chose si ceux-ci recevaient une formation juridique exigeante – ce qui n'est pas le cas – et si cette juridiction témoignait d'une impartialité à toute épreuve, qui hélas fait parfois défaut dans ces « clubs » très fermés de la justice consulaire.
Le rapport explosif de la Commission d'enquête parlementaire, présidée par François Colcombet, a été rédigé par Arnaud Montebourg. Il dénonce et illustre les trafics d'influence, les prises illégales d'intérêts, les actes quotidiens de la corruption ordinaire et les fortunes réalisées en rachetant à vil prix des affaires en difficulté. De quoi susciter une colère légitime et généralisée car se sont les forces vives de la nation, créatrices de richesses, qui sont en cause.
Mais ce rapport propose aussi, et c'est son grand mérite, un ensemble de reformes qui rendraient aux tribunaux de commerce toute leur efficacité, en même temps qu'un contrôle sévère de ces juges très particuliers dont dépend le sort de tellement d'entreprises.
Arnaud Montebourg, avocat, député socialiste de Saône-et-Loire, est secrétaire de la Commission des lois et rapporteur de la Commission d'enquête parlementaire
sur l'activité et le fonctionnement des tribunaux de commerce.
CONCLUSION
Au
terme de ses travaux, la commission est parvenue à la conclusion que
la crise que traverse aujourd'hui la juridiction consulaire est
profonde et générale. Elle ne se limite pas en effet, comme on
pouvait le penser, aux petites juridictions mais frappe les plus
grandes comme Bobigny, Nanterre ou Paris.
Cette
crise trouve ses racines dans un système, fonctionnant dans
l'opacité et reposant sur un petit nombre de personnes – juges,
greffiers, mandataires – davantage attachées à leurs prérogatives
et soucieuses de préserver leur pouvoir et, pour certaines, leurs
revenus, que prêtes à admettre qu'il est légitime de vérifier si
leur action répond aux attentes des justifiables, des entreprises et
des pouvoirs publics.
D'aucuns
ont reproché à la commission ses méthodes inquisitoires et ont
parfois refusé de répondre aux questions posées. Cette attitude
est révélatrice de rester à l'abri des observations et des
critiques de ceux qui n'appartiennent pas au monde clos de la justice
consulaire.
Le
constat auquel la commission est néanmoins parvenue est évidemment
inquiétant. Loin de correspondre au tableau dressé par le président
de la Conférence générale des tribunaux de commerce qui vantait la
rapidité, le caractère peu dispendieux et les décisions éclairées
de la juridiction consulaire, les observations faites par la
commission ont révélé que les juges et ceux qui les entourent,
greffiers et mandataires, sont au centre de jeux d'intérêts
propices à l'apparition et au développement de la corruption,
d'autant plus que les contrôles dont ils devraient être l'objet se
sont avérés défaillants.
Le
rapport doit établir la mission d'enquête sur les tribunaux de
commerce créée conjointement par la ministre de la Justice et le
ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie le 13 mai
1998 apportera d'autres éléments complémentaires et, nous croyons
le savoir, tout aussi inquiétants.
L'heure
n'est donc plus à la réflexion ni aux tergiversations. La situation
impose de ne plus céder au chantage à la démission comme cela fut
le cas en 1983.
C'est
maintenant au Parlement eu au garde des Sceaux de mener la bataille
pour une reforme en profondeur des juridictions consulaires.
La
commission a examiné le présent rapport au cours
de sa séance du
30 juin 1998 et l'a adopté.
Elle
a ensuite décidé qu'il serait remis à M. le président de
l'Assemblée nationale
afin d'être imprimé et distribué,
conformément aux dispositions de
l'article 143 du Règlement de
l'Assemblée nationale.
Rapport
N°
1038
Michel
LAFON Éditeur
Aout
1998
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